Je savais bien qu’un jour viendrait le moment où je vous le dirais mais j’avais peur de le faire et je reculais la date de plus en plus.
Là je suis contraint de le faire car le temps m’est désormais compté. Je sais que cela va se terminer dans quelques jours, voire quelques semaines – j’ai toujours été optimiste- tout au plus. Et je ne voudrais pas partir sans expliquer l’histoire, la sale histoire qui m’est arrivée.
Voilà, je suis atteint d’un cancer.
Un cancer « haut de gamme », comme dirait Dominique Martin … Le cancer du pancréas.
J’ai été diagnostiqué le 3 janvier 2009 alors que j’étais à des milliers de kilomètres de mon cher pays. Le médecin mauricien que j’avais consulté pour un ictère survenu soudainement n’y était pas allé par quatre chemins pour m’annoncer la terrible nouvelle : « M. Vassieux, je suis désolé de vous apprendre que vous avez une tumeur située à la tête du pancréas. C’est très grave. C’est un cancer. Nous, ici, nous ne pouvons rien faire pour vous. Il faut que vous rentriez d’urgence en France ». 1ère mauvaise nouvelle de l’année. Europe assistance, superbe organisation, m’a alors rapatrié, avec le plein d’angoisse, à Lyon.
Je suis arrivé, deux jours plus tard, à minuit, à l’hôpital Lyon Sud. Les infirmières m’attendaient. Je vous laisse imaginer dans quel état moral je pouvais être…
J’ai été immédiatement pris en charge par les services du Professeur Jean-louis Caillot qui a décidé de m’opérer le 22 janvier 2009.
Ah cette opération… Un vrai calvaire. Cela a duré 6 heures. Le chirurgien a pratiqué l’ablation de la tête du pancréas, de la vésicule, de la moitié de l’estomac, du duodénum, du chollédoque… Et pendant ce temps certains petits cons écrivaient sur des forums tenus par d’autres petits cons, que je léchais le cul des patrons du FN et de Marine Le Pen pour avoir une bonne place au sein du Front.. Je ne souhaite jamais à ces abrutis de connaître l’état dans lequel j’étais, même si c’est la seule façon de se rendre compte que quand on subit ce que je subis depuis 18 mois, la seule préoccupation que l’on ait ne soit pas de « récupérer » un poste mais de survivre !
Après l’intervention je suis resté 15 jours allongé sur mon lit d’hôpital avec sondes, perfusions, et tuyaux branchés. Douze jours allongé sur le dos sans pouvoir bouger. Malgré la morphine, l’enfer venait de commencer.
J’ai alors entamé une chimiothérapie. Toutes les semaines. C’est infect. Nausées, vomissements, courbatures, fatigue intense, maux de tête, tels étaient les quelques effets secondaires parmi d’autres que cela me provoquait à chaque fois.
Et en juin je passais mon premier contrôle scanner. J’avais raison d’angoisser car la deuxième mauvaise nouvelle de l’année venait de me tomber dessus. Si je n’avais plus rien au pancréas, mon foie était désormais atteint par des métastases. Et pendant ce temps, les mêmes petits cons continuaient toujours de m’insulter sur les mêmes forums ou sites tenus par d’autres petits cons… Parce que la cellule riposte du FN que j’avais créée et que je dirigeais leur entrait dans la gueule avec de plus en plus d’efficacité !
La cancérologue qui me suivait m’avait alors conseillé d’aller « hurler ma colère » sur le parking de l’hôpital car, d’après elle, il n’y avait plus d’espoir pour moi.
C’est que je fis en sortant de l’hôpital en serrant très fort la main de mon adorable épouse. Les passants avaient du me prendre alors pour un fou. Tant pis.
En septembre, d’autres tumeurs. En janvier elles étaient devenues volumineuses et là, en mai, elles sont énormes.
Les chimiothérapies que je n’ai jamais cessé de faire depuis n’ont donné aucun résultat. Tout ça, toutes ces souffrances pour rien ! C’est injuste.
La peur et la douleur se sont désormais installées en moi. Je souffre physiquement et de plus en plus intensément. Je n’en peux plus. Parfois je tente de donner le change mais autour de moi, plus personne n’est dupe. Chaque jour me voit maigrir, mes forces s’en sont allées et le moral n’y est plus.
Et pourtant je me suis tant battu. Pendant des mois, pour continuer à militer à ma façon, j’écrivais sur NPI et sur NPMag. Je me suis même payé le luxe de faire campagne pour les régionales. Fallait voir a tête des adversaires et des journalistes quand ils me voyaient arriver sur le plateau avec la pompe à chimio branchée sur ma poitrine et accrochée autour de ma taille. Et puis j’ai été ré élu. Cela m’avait requinqué cette bataille. Comme me requinquaient toutes les conneries que je pouvais lire sur moi ça ou là. Combien de fois m’est-il arrivé d’éclater de rire en lisant les abrutis de service parler de moi et me prêter des intentions que l’on peut avoir, peut-être, que lorsque l’on a la forme. Je me disais : si seulement ils savaient ces pauvres fous. Moi je m’épuisais physiquement. Eux me faisaient grand manitou du FN. Trop drôle les cons quand même quand ils s’y mettent.
Et puis le 27 mai dernier je suis allé de nouveau à Lyon Sud pour rencontrer un professeur qui s’est fait une certaine réputation en mettant au point une formule de destruction de cellules cancéreuses par le froid. Nouvel espoir. Il m’a examiné, mais lorsque j’ai vu sa tête j’ai compris. Cela a été mon troisième choc. Ma troisième mauvaise nouvelle. Il m’a aussitôt confirmé que je ne pouvais pas bénéficier de cette technique. Et d’aucune autre d’ailleurs. Ni opération, ni greffe. Il m’a juste indiqué que je devrais essayer de voir s’il n’y avait pas des essais en cours auxquels je pourrais participer. Que ce serait une sorte de dernière chance. Et quand je lui ai demandé si j’étais foutu, il m’a juste répondu que mon cas était très préoccupant.
Voilà. C’est donc fait, il n’y a plus rien à faire. Et c’est pour cela qu’il fallait que je vous dise maintenant ce qui m’arrive.
Et puis je le vois bien. Je maigris de jour en jour et les douleurs augmentent jusqu’à être devenues presque insupportables. C’est donc la fin. Je ne vais donc plus pouvoir militer, écrire, défendre mes amis du Front, piquer des colères.
Jean-Marie Le Pen, qui m’appelle toutes les semaines pour prendre de mes nouvelles, m’a demandé samedi de « tenir bon la barre », de « m’accrocher à la rampe ». J’ai essayé, j’ai tenu, je me suis battu comme un fou, mais là je vais décevoir mon Président, je n’y arrive plus.
Pas une semaine ne s’est passée non plus sans que Marine Le Pen ne m’ait envoyé des mots d’encouragements, des bises téléphonées et sans que Bruno Gollnisch ne prie pour moi. Ils vont tellement me manquer. Mais celui que va le plus me manquer c’est incontestablement Louis. Mon ami Louis Aliot. Pas un jour depuis le départ de ma maladie ne s’est passé sans qu’il ne prenne de mes nouvelles, sans qu’il ne m’encourage, qu’il ne me soutienne. Louis est devenu pour moi comme un petit frère qui veille sur son grand frère malade. Il est le dernier ami que Dieu m’ait permis d’avoir et il est celui dont les conversations vont le plus me manquer. C’est quelqu’un de bien Louis . De très bien. C’est mon frère.
Et puis je ne verrais plus Dominique Martin. Dom avec qui pendant plus d’un quart de siècle j’ai milité. Qui ma vu rire, me battre, déconner, danser, gueuler. C’est sans doute celui qui me connat le plus. Et puis Bernard. Mon ami Bernard qui tous les jours passe me voir pour satisfaire le moindre de mes désirs. La pelouse à tondre, me conduire au PMU voir mes copains, m’emmener chez France 3 à Grenoble, ou au Conseil régional. Bernard s’occupe de tout ça pour moi. C’est un saint.
Voilà, ce que je voulais vous dire. Que je ne pourrais plus participer comme je le faisais à NPI ou à NP Mag. Je voulais vous dire aussi que je vous ai aimés, même vous les cons. Que ma famille et mon pays ont été les choses qui ont le plus comptées pour moi. Mais aussi que je n’arrive pas à me faire à l’idée de ne pas participer à la bataille finale. Celle qui donnera la victoire au Front national. Je l’aurais pourtant, en tout cas me semble-t-il, un peu mérité. Ca ça m’énerve profondément. Comme cela m’énerve de ne pas être là pour lire les mémoires de JMLP quand elles seront publiées, de ne pas participer au Congrès en janvier, de ne pas voir grandir ma petite fille Jade, de laisser mon épouse se débrouiller désormais toute seule pour tout affronter, et aussi de ne plus revoir Alexandra ma fille et Anthony mon garçon. Ca c’est dur.
Mais, dans mon malheur, j’ai quand même de la chance, j’ai encore toute ma tête et je peux vous dire tout ce que je vous ai dis.
Et puis je peux aussi vous dire Adieu.
Alors, Adieu camarades !