8.7.08

« Inefficace »

« Inefficace »

Le 30 janvier dernier, rapporte Le Figaro dans son édition publiée lundi, Brice Hortefeux, Ministre de l'Immigration, avait confié à Pierre Mazeaud la présidence d'une Commission – comptant dans ses rangs des immigrationnistes patentés comme Kofi Yamgnane ou le démographe Hervé Le Bras – chargée « d'éclairer le gouvernement sur deux questions : comment définir des quotas d'immigration ? Comment mieux gérer la justice des étrangers, voire unifier le contentieux de l'entrée, du séjour et de l'éloignement ? (…). Faut-il (…) modifier la Constitution ? ». Le choix de placer cette commission sous l’égide de M. Mazeaud, constitutionnaliste de renom, était aussi un signal envoyé à l’aile la plus droitière de l’électorat sarkozyste, puisque celui-ci fut le rapporteur en 1986 du projet (avorté) de réforme du code de la nationalité, à l’époque où le RPR avait beaucoup musclé son programme pour contrer la montée en puissance du FN. Pour mieux retomber dans ses travers immigrationnistes une fois Chirac, puis Sarkozy élus… Pierre Mazeaud avait à cette époque déposé une proposition de loi où il reprenait notamment à son compte la proposition du FN de revenir au droit de la filiation plutôt qu’au droit du sol (FDA Quotidien du 17/12/2002), proposition aussitôt enterrée comme il se doit par les ténors de la droite mondialiste. Or selon les conclusions du rapport de la Commission Mazeaud que s’est procuré Le Figaro, la politique de quotas prônée par le gouvernement, « de contingents migratoires limitatifs serait sans utilité réelle en matière d'immigration de travail, inefficace contre l'immigration irrégulière ». « Un sujet aussi sensible (qu'une politique de quotas) diviserait profondément et inutilement la société française » a finalement jugé ladite commission, qui a mis implicitement en exergue l’impossibilité de l’UMP, au vu du programme qui est le sien, à pouvoir régler le problème migratoire.

L’objectif caché…

Le Figaro souligne que la Commission met en doute « la pertinence même des quotas (…) : il est impossible de fixer des plafonds d'entrée en France pour les étrangers arrivant en France au titre du regroupement familial ou de l'asile. Du coup, seule l'immigration de travail serait susceptible d'être contingentée. Pour atteindre l'objectif d'une immigration à 50 % économique, il n'y aurait d'autre hypothèse que de décupler les arrivées. « Ce que le Front national avait fait remarquer dès que le Président de la République avait évoqué cet objectif, a rappelé Jean-Marie Le Pen lundi, « cette multiplication par dix de l’immigration (étant) bien l’objectif caché de l’immigrationniste Nicolas Sarkozy ». « La société française n'est pas prête » a cette nouvelle accélération des flux migratoires a constaté la Commission Mazeaud. « Pour le reste, a encore pointé le Président du FN, celle-ci a dit également non à M. Sarkozy sur la création d'une justice spécialisée dans le contentieux des étrangers, et sur une réforme de la Constitution. Autrement dit elle rejette les trois projets que ce dernier lui avait soumis ». Mais le rapport en question « salue » la politique de coopération avec les pays d'origine de M. Hortefeux, pourtant très largement inefficace, et se contente de prodiguer au Ministre de l’Immigration « quelques propositions techniques concrètes ». Et comme à chaque fois que nos dirigeants sont confrontés à un problème qui les dépassent, qu’ils n’ont pas le courage ou la volonté de régler, celui-ci a été renvoyé « au niveau européen ». « Il est impossible d'imprimer aujourd'hui de profonds infléchissements de la politique d'immigration hors de ce cadre » est-il encore affirmé dans les conclusions de ce rapport, alors même que l’entité européiste milite ouvertement pour une poursuite active des flux migratoires, dit « légaux ». Pourtant, « ce n’est pas à une instance supranationale de décider qui une nation souhaite ou non accueillir sur son territoire. Il s’agit d’une prérogative régalienne et qui doit le demeurer » a aussi souligné Jean-Marie Le Pen. « Dès (mardi), à Cannes, le Ministre va mesurer la difficulté de l'enjeu en tentant d'imposer lors d'un Conseil européen un « pacte pour l'immigration », pourtant très timide mais « qui rencontre l'hostilité des Espagnols » a précisé Le Figaro, manière polie de faire comprendre à ses lecteurs que le pacte en question se réduira à un effet d’annonce…

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