6.2.09

UN LONG BÂILLEMENT POLITIQUE

Il y a comme ça parfois des moments désabusés. Par exemple, pour commenter l’entretien télévisé d’hier soir du président de la République, tant tout était prévisible.
Nicolas Sarkozy a martelé qu’il y avait une crise – bien vu ! –, que cette crise était très importante « comme on n’en a pas connue depuis un siècle », et qu’il comprenait que « les Français soient inquiets ». Ça commençait fort pour arracher les premiers bâillements aux imprudents téléspectateurs.
Le reste à été à l’avenant de ce qu’il avait déjà dit, redit et qu’il ne se lasse pas de répéter : « … parce que mon métier est très difficile, qu’il faut beaucoup d’énergie et de force pour le faire. »
Président de la République, un métier ! Cette expression n’avait guère choquée la première fois qu’il l’avait employée, « ça l’a encore moins fait » hier… On s’attend donc à ce qu’il nous parle un jour de son « business » et pourquoi pas encore de son « taf » !
Oui, on s’attendait à tout, même à son soutien obligé à Bernard Kouchner dans le choix duquel il ne peut tout de même pas reconnaître qu’il s’est trompé, si tant est d’ailleurs qu’il regrette ce choix… Qu’a fait le bon docteur K. sinon appliquer un slogan électoral qui lui est cher : travailler plus pour gagner plus ! Qu’importe le dictateur tant qu’il avait les moyens de régler ses prestations.
Et puis, pour l’importance qu’a un ministre en Sarkozie, on ne voit vraiment pas où est le problème.
« Est-ce que (les) réformes restent d’actualité ? La réponse est oui (…) Si on doit arrêter, comme cela s’est si souvent fait dans le passé, chaque réforme quand il y a une manifestation, alors mieux vaut ne faire aucune réforme. Et comme cela on est tranquille (…) La rupture, c’est la rupture avec cette habitude. »
On chercherait tout de même quel Président de gauche comme de droite a un jour déclaré qu’il n’y avait pas besoin de réforme, que tout allait très bien comme cela et qu’il y avait urgence à ne rien faire ?
Une chose est sûre en tout cas, il y a une habitude avec laquelle Nicolas Sarkozy n’a pas rompu : celle des promesses tous azimuts et du conformisme des interventions présidentielles.
L’ennui naquit de l’uniformité, à défaut de l’uniforme ôté.
Philippe Randa
www.philipperanda.com

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